Beaucoup de gens, principalement des bourgeois, des aristocrates, peut être même des membres de la famille royale l'entouraient en ce moment même. Fendant la foule aussi rapidement qu'il le pouvait en évitant de toucher les personnes qu'il croisait, Manech s'était jeté dans la gueule du loup, une fois de plus. Même si le soleil ne tarderait pas à décroitre et qu'il faisait un froid de canard il y avait du monde. Et des putains de riches. Manech jura en esquivant une énorme marquise qui prenait toute la place avec sa robe ridicule qui s'étalait autour d'elle. Malgré ses efforts la robe le toucha et il se retint de bondir en arrière de justesse. de toute façon il n'aurait pas put puisqu'elle l'obligeait à se plaquer contre le mur. Comme si sa simple présence lui gâchait la journée elle le foudroya du regard. Insolent jusqu'au bout, Manech lui rendit son regard et s'éloigna en frissonnant. Yeurk ! >_< Il avait l'impression de sentir encore le parfum entêtant de la femme bien qu'elle soit à plus de dix mètres de lui à présent. Tous les aristos se retournaient sur son passage en le regardant dédaigneusement et il commençait sérieusement à devenir paranoïaque. Pour la cinquième fois en trente seconde il se retourna et manqua de se prendre une autre bourgeoise qui lui lança un regard moqueur. Le jeune homme passa son chemin et chercha des yeux une issue, un endroit où se réfugier. Une petite ruelle sombre apparu à sa droite et il s'y précipita sans réfléchir.

« C'est pas vrai... » marmonna-t-il en se plaquant contre un mur pour reprendre son souffle.

Il passa sa main dans ses cheveux pour enlever l'horrible impression d'être étouffé par ces centaines de sale bourges qui se pavanaient dans la rue, exhibant sans gène leurs richesses bien trop peu méritées au gout du jeune homme. La question était pourquoi était-il là ? En plein milieu d'êtres qu'il détestait de tout son être ? Manech réouvrit les yeux et son regard gris se posa sur le mur d'en face. Rain. Il n'avait pas rêvé, il l'avait vue se dirigeant d'un pas décidé vers ce quartier puis il l'avait subitement perdue de vue. A sa place était apparue une aristocrate qui courait bien vite pour quelqu'un habitué à se trainer pour laisser le temps aux autres d'admirer son royal port. Et la mèche rousse qui dépassait de la coiffe de la jeune femme l'avait tellement troublé qu'il l'avait cherchée tout l'après midi, quitte à se jeter dans la gueule du loup, quitte à se boucher le nez à chaque fois qu'une bourgeoise trop parfumée passe à côté de lui, quitte à devoir s'isoler de temps à autre pour reprendre le contrôle de son rythme cardiaque. C'était on ne peut plus contre nature pour lui d'être ici. Une silhouette bougea de l'autre côté de la rue et toute son attention fut captée par ce mouvement. Par pur réflexe il s'accroupit, invisible entre plusieurs caisses en bois vides. Ses yeux s'agrandirent en même temps que sa stupéfaction et les mots s'échappèrent de sa bouche avant qu'il ne puisse les arrêter.

« Rain ! »

Le jeune homme se releva et dévisagea la jeune fille, bouche bée. Devant lui se tenait une femme, une bourgeoise ou quelque chose du style, parfaitement habillée et maquillée. Mais son visage lui était familier. Et pour cause, c'était bien Rain.

*Une marmite d'eau bouillante.

C'était la comparaison qui m'était venue la première à l'esprit pour qualifier la rue cet après-midi là bien que je ne pensais pas que ce soit la plus appropriée. J'avais beau avoir pris peu à peu l'habitude du train de vie aristocratique, il n'en était pas moins que je détestais ce genre de sortie destiné à m'habiller plus correctement. C'était une idée d'Elizabeth, évidemment c'était un test de sa part voulant prouver que je n'étais pas ce que je prétendais être mais c'était peine perdue pou elle. Je ne savais pas exactement ce qu'elle soupçonnait de mon identité mais une chose était sûre, elle aurait du mal à prouver quoique ce soit. J'étais une excellente élève et Sephora m'avait très bien préparée. Je pouvais donc lui parler avec conviction des tendances actuelles et des couleurs qu'il convenait de mettre et à quel occasion, Je pouvais aussi manger de façon irréprochable, elle avait déjà essayée de me tester là-dessus. Et pour ce qui était de la conversation, je ne l'avais pas attendue pour développer mon talent là-dessus. Aucun doute, je faisais une parfait fille de riche et je ne pouvais même pas être trahie par ma prétendue famille qui était morte. A vrai dire, la seule et unique chose que je craignais, c'est les gens qui connaissait Rain et non Lady Carolynn.

-Je crois que vous n'avez jamais rencontré James Carolynn.

Je tournais la tête vers cette chère Elizabeth qui m'adressait son sourire le plus hypocrite, celui qui disait je-déteste-ma-future-belle-soeur-mais-je-ne-le-montre-surtout-pas. Je lui renvoyais la pareille et les présentations avec ce certain James furent faites. Une longue conversation commença alors, elle fut lancée par Elizabeth qui commenta d'un ton doucereux le ton de la journée et s'informa des affaires de James. Elle avait l'air de prendre un peu trop d'intérêt à ses affaires et je compris qu'elle appréciait ce James plus qu'elle ne voulait le montrer. Enfin moi, cela m'arrangeait, elle ne prêtait plus attention à moi et j'eus le loisir d'observer à ma guise les alentours tout en laissant traîner une oreille indiscrète, Un peu plus loin, une jeune bourgeoise se plaignait du mauvais goût de certaines personnes tandis qu'une autre regrettait qu'il n'y ai pas plus souvent de bals. Un homme essayait de conclure l'achat d'un cheval et quelqu'un m'appela. Je relevais brusquement la tête cherchant autour de moi, qui que ce soit il fallait qu'il se taise avant de me trahir. Je vis alors Manech qui n'était qu'à quelques mètres de moi. Elizabeth ne me prêtais plus attention et je me tournais vers elle avec un pauvre sourire contrit.

-Excusez-moi Elizabeth mais je crois que je suis souffrante. Je préférerais donc rentrer.

Elle me jeta un regard peu amène l'air de dire toi-l'infame-ne-t'avises-plus-jamais-de-m'interrompre-de-nouveau-comme-ça. En bon gentleman qu'il était James nous proposa de nous ramener mais je déclinais l'invitation sous un prétexte stupide et m'éloignais. Je passais devant Manech sans prononcer un mot et m'enfonçais un peu plus dans la ruelle où il se trouvait. Nous nous regardâmes un moment sans prononcer le moindre mot et c'est moi qui rompis le silence.

-Ne prononces plus jamais mon nom de cette manière.

J'aurais pu prendre de ses nouvelles, porter la conversation sur autre chose comme une gamine prise en faute car Manech n'était pas vraiment au courant de mes manigances mais ce n'était pas mon genre, c'était d'ailleurs la seule chose qui faisait de moi la plus mauvais aristocrate qui soit.

C'était elle. C'était bien elle ! Alors qu'est ce qu'elle faisait dans ces vêtements et pourquoi elle parlait avec des Aristocrates alors qu'elle n'était qu'une paysanne ? La conclusion vint à l'esprit de Manech qui la repoussa brutalement. Ce n'était pas possible. Pas de la part de la Rain qu'il connaissait. Qu'il croyait connaitre se corrigea-t-il nerveusement. La jeune fille fit comme si elle ne l'avait pas vu mais leurs yeux s'étaient croisés de sorte qu'elle n'avait pas put ne pas le voir. Il aurait voulu courir vers elle mais c'était on ne peu plus dangereux si ses soupçons se confirmaient, par rapport à ce qu'elle était en train de faire avec ces bourges. Elle sortit un sourire mièvre à la femme qui se trouvait à ses côtés et celle ci lui jeta un coup d'œil dégouté. La haine de Manech se réveilla brusquement et il eut toutes les peines du monde à ne pas bouger. Sa rage s'augmenta encore quand il vit que la jeune fille ne réagissait pas et revenait vers lui comme si c'était lui qu'il fallait détester et pas cette horrible femme. Comble du mépris, Rain passa à côté de lui sans lui adresser un regard et ne se retourna qu'une fois qu'elle fut sure que les autres ne pourraient la voir. Manech la fixa en croisant les bras d'un air hésitant entre la stupeur et l'énervement. Elle le regarda longuement puis dit des mots qui n'avaient aucun sens. Manech ouvrit la bouche d'un air choqué et furax.

« Oh, excuse moi de t'appeler par ton vrai nom, et eux... » il désigna du menton le groupe d'Aristocrates. « ... ils t'appellent comment ? »

Manech grimaça devant son propre ton agressif et se força à souffler pour se calmer. Il ne devait pas s'énerver contre elle. Pas encore tout du moins. Et puis, connaissant la jeune fille, ce n'était pas par là qu'il fallait passer. L'homme leva les yeux au ciel et se passa la main sur le visage en secouant la tête sans lâcher Rain des yeux. Tu fais vraiment n'importe quoi. Si il avait eut une quelconque influence sur elle il l'aurait prise par le bras et ramenée dans un bon quartier et pas dans cet endroit d'hypocrites imbus de leur personnes. Mais il n'avait aucun ordre à lui donner, il n'était pas son père, son vrai frère ou la police. Je le ferais quand même >___<. Il soupira et s'appuya contre le mur en croisant les bras en la fixant durement. Il ne la comprenait pas en cet instant.

« Allez. Explique moi ce que tu fais avec des gens comme ça ! » il grimaça quand les mots sortirent de sa bouche, plus impérieux qu'il ne l'aurait voulu. Il prit une inspiration et continua sur un ton plus doux en espérant qu'elle ne se braquerait pas. « Rain ... qu'est ce que tu fabrique habillée en bourge ? »

Oups =X ! Le mot lui avait échappé sans qu'il réfléchisse. Il fit comme si de rien était et continua de visser ses yeux gris sur ceux de la jeune fille. Ne te braque pas, je t'en prie... et réponds moi.

Manech était sur la défensive, très sur la défensive. Il semblait à la fois choqué, surprit, écœuré et dégouté. Il était sûrement tout ça d’ailleurs. En même temps, je ne pouvais pas lui en vouloir, à sa place j’aurais sûrement réagi de la même manière. Non au fait, je n’aurais pas réagi ainsi, tout simplement parce que je n’étais pas une impulsive, je réfléchissais avant d’agir toujours. Manech, non, et sa haine pour les bourges ne devait rien arrangé à ses sentiments actuels. Toutefois, je ne pouvais supporter qu’il me parle de cette manière. Cette façon qu’il avait eu de me demander le nom qu’ils me donnaient.

-Tu vois, c’est pour ça que je ne t’ai pas parlé de ça, je savais comment tu réagirais.

Je croisais les bars et m’assis sur un vieux cageot qui se trouverait derrière. Il voulait que je lui parle, je n’en ferais rien, il m’avait braqué dès le début, tant pis pour lui. J’étais du genre bornée et je pouvais garder le silence pendant très longtemps, ce serait à Manech de l’ouvrir le premier. Je jetais un coup d’œil à la rue principale, Elizabeth faisait un cinéma fou et je me disais que ce cher James était soit totalement stupide, soit très intelligent. Dans les deux cas, je ne l’aimais pas. A vrai dire, je n’aimais pas grand monde parmi ce cette soit disant élite. Ils étaient tous pareils, fade et sans intérêts et même si certain comme Katherine ou Paris se montrer un tant soit plaisant de compagnie, ça ne changeait rien à l’opinion que j’avais d’eux. Manech reparla avec plus de douceurs mais les mots qu’il utilisa ne plurent pas plus que ça. Il sembla s’en être rendu compte. Je lui jetais un regard furieux et m’approchais de lui.

-Je suis habillée en bourge comme tu dis pour des raisons qui ne te concerne en rien alors tu seras gentil de me parler autrement et de te mêler de tes affaires.

J’avais voulu être encore plus méchante mais je m’étais abstenu, je tenais beaucoup à Manech et je ne voulais surtout pas être en froid avec lui. Mais s’il n’essayait pas de me comprendre et de faire ce que je lui demandais, je n’allais pas avoir le choix. Ca serait dommage vu le temps qu’ils nous avaient fallu pour devenir proche, à cause de moi évidemment, moi qui ne me laissait pas approcher sans mordre. Je soupirais en regardant de nouveau dans la rue avec inquiétude, si je me faisais prendre ici avec lui, j’étais dans la merde, vraiment… Je m’éloignais donc encore un peu plus vers le fond, là où je pouvais voir sans être vu, ç an’allait pas lui plaire.

Oh non ne me regarde pas comme ça... trop tard. Manech grimaça en se rendant compte qu'il avait fait l'exact contraire de ce qu'il avait espéré. Soit braquer Rain, la chose dont il avait le moins besoin au monde en ce moment. Celle ci sembla assez mal le prendre et lui répondit d'un ton sec et tranchant.

« Je suis habillée en bourge comme tu dis pour des raisons qui ne te concerne en rien alors tu seras gentil de me parler autrement et de te mêler de tes affaires. »

Hum. Cet air buté, ces bras croisés sur sa poitrine, les lèvres pincées et le regard fuyant. Ça lui rappelait quelqu'un x'). Manech resta à la fixer quelques secondes et fini par soupirer car il savait parfaitement qu'elle ne lâcherait rien. Ça lui aurait fait trop plaisir. Il secoua la tête et laissa ses bras retomber le long de son corps. Toujours debout, il jeta un coup d'oeil vers l'endroit où regardait Rain, aperçu le groupe d'aristocrates. Il s'empêcha de faire un commentaire et alla s'assoir à côté d'elle en soupirant de nouveau. Il joignit ses deux mains et fixa le mur d'en face en silence, cherchant comment tourner la phrase qui lui trottait dans la tête. Pas question de refaire une deuxième boulette, il n'avait vraiment pas besoin de ça. Il inspira profondément et releva les yeux vers la jeune fille, trouva son regard.

« Rain.. excuse moi. Mais c'est dangereux ce que tu fais ! Je m'inquiète pour toi moi... » nerveux il rabaissa les yeux et se mordit l'intérieur de la joue. « Si jamais ils t'attrapent... » il secoua la tête et regarda du côté de la rue.

Il jeta un coup d'oeil inquiet vers la jeune fille. Ça allait probablement l'agacer qu'il se préoccupe d'elle comme ça, et bornée comme elle l'était elle risquait même de l'envoyer balader mais il fallait qu'il essaye. Ces riches, on ne savait jamais si on pouvait leur faire confiance. Et si elle ne bavardait qu'avec des gens comme ceux du groupe qu'elle venait de quitter ça ne lui disait rien qui vaille. Mais qui avait parlé de bavarder ? Comment savoir ce qu'elle y faisait d'ailleurs ? Elle pouvait se contenter de se mêler à eux de temps à autre. Ou avoir des buts beaucoup plus risqués. A cette pensée le sang de Manech se glaça et il s'imagina Rain habillée comme une princesse. Si ça n'avait été que ça il aurait pu comprendre - en tout cas essayer - qu'elle veuille devenir comme eux. Mais l'image de la jeune fille se balançant au bout d'une corde après que son secret fut révélé balaya tout le reste. Cela arrivait hélas trop souvent. Il aurait voulu la prendre par la main et l'emmener loin, très loin de cet enfer. Tout son corps lui hurlait de courir et la seule présence de tous ces riches lui donnait envie de vomir.

« Pourquoi fais-tu ça ? Je veux dire, tu n'aime pas ta vraie vie ? »

Manech semblait s’être rendue compte qu’il m’avait brusqué et avait l’air de le regretté. Cela me rassura et je décidais de me radoucir à son égard. Le lui fis un sourire timide, un sourire dont j’ignorais moi-même la réelle signification : peut-être était-il simplement fait pour le rassurer ou peut-être était juste un signe pour lui montrer que je n’en voulais pas et que j’étais prête à l’écouter, à l’écouter… pas à lui parler. Il était nerveux et avait réellement l’air inquiet, cela m’agaça. Tout le monde était inquiet pour moi et j’en avais assez, je savais ce que je faisais, ils n’avaient qu’à me faire confiance un peu. J’avais confiance moi, il le fallait bien si je ne voulais pas me faire bouffer par ces saletés de riches : si j’avais l’air tout le temps tendue et nerveuse, ils finiraient par se douter de quelque chose. Mais parfois, je traversais des moments de doute intense, quand j’étais seule dans mon lit dans le grand manoir des Witchard, je me demandais si j’avais raison et si je ne ferais pas mieux de tout arrêter, je voyais la corde parfais dans mes rêves. Mais je chassais ces idées noires,, j’avais du soutien que ce soit Katherine ou encore Mlle la princesse Victoria qui se faisait passer pour une paysanne. Bien que je lui fasse la tête en ce moment, je ne doutais pas du fait qu’elle serait prête à tout pour me venir en aide. Du moins s’il était encore temps, car si j’étais découverte après le meurtre de Damon, elle ne pourrait plus rien pour moi, personne ne pourrait plus rien pour moi.

-Ne t’inquiètes pas, il ne m’arrivera rien. Je ne serais pas découverte, à moins bien sûr que des imbéciles comme toi s’amuses à brailler mon nom dans une rue pleine de bourge.

Mon ton était tranchant… de nouveau. J’avais pourtant décidée d’être plus douce et complaisante à son égard mais il avait fait remonter toutes mes angoisses à la surface et je lui en voulais. C’était pour cela que je disais des choses que je ne pensais pas, parce que Manech était tout sauf un imbécile, c’était un exemple pour moi et j’aurais tant aimé ne serait-ce que valoir le quart de sa personne. Je baissais le regard et soupirais.

-Je suis désolée Manech… J’aimerais tellement pouvoir t’expliquer mais je ne le peux pas, je ne veux pas te mêler à tout ça.

C’était en partie pour ça que je ne lui avais rien dit, parce que je voulais le protéger mais ça n’était pas l’unique raison. Je ne voulais pas que Manech est une mauvaise image de moi, son opinion était bien trop importante pour moi mais c’était trop tard, et je n’osais même pas imaginer ce qu’il pouvait penser de moi à ce moment-là. C’était trop dur.



Spoiler:

Spoiler:

Manech grimaça. Encore ces reproches. Il soupira et détourna le regard. Okay il avait fait une boulette en l'appelant comme ça mais ces bourges n'avaient probablement pas compris l'histoire. Pour eux il était sûrement qu'un crétin de sale pauvre qui divaguait en appelant une quelconque servante qui passait derrière eux ! Ils étaient tellement occupés à se regarder dans les vitres de la boutique d'en face qu'ils avaient du à peine se rendre compte de l'endroit où se trouvait à présent la jeune fille et surtout avec qui elle était. Manech releva les yeux, croisa son regard en tentant de ne pas y laisser paraitre son inquiétude. Telle qu'il la connaissait elle n'était pas idiote, loin de là, et elle devait trembler parfois de ce qu'elle était en train de faire. Du moins il l'espérait. Se jeter de la sorte dans la gueule du loup, on avait pas idée de se torturer comme ça ! Imaginez, vivre en permanence sous couverture, faire des choses qui ne sont pas dans votre nature propre, tout ça pour quoi d'ailleurs ? De l'argent ? De la reconnaissance ? Le frisson de l'interdit ? Sachant parfaitement que tout le monde n'aspirait pas à la même chose, Manech s'empêcha de juger la jeune fille sur ça. Alors qu'elle continuait il fronça des sourcils, ouvrit la bouche pour protester mais la laissa tout de même finir. Elle ne voulait pas le mêler à tout ça ? mais c'était déjà fait ! Malgré elle, certes, mais c'était quand même vrai. Même s'il ne connaissait pas le fond de l'histoire il en savait déjà assez pour flairer un mauvais coup. Te mêler à tout ça. Le jeune homme sentit les poils de sa nuque s'hérisser et il se passa la main sur le visage, espérant faire partir ce mauvais pressentiment.

« C'est trop tard. » il soupira et regarda la foule d'un air absent. « J'ai vu Nillem hier. Tu lui manque. Énormément. »

Il recula jusqu'à se coller au mur et ne dit plus rien. Il n'essaya même pas de croiser le regard de Rain car il savait parfaitement ce qu'il y trouverait. C'était un coup bas de parler de Nillem. Il en était conscient. Mais c'était également la pure vérité. Manech porta sa main droite devant ses yeux et machinalement se mit à jouer avec sa bague. Il la retira lentement de son annuaire en la fit tourner entre ses doigts. Remontant ses pieds sur le cageot où il était assit, il cessa de jouer et leva les yeux vers Rain.

« Bon. Excuse moi, tu as raison ce ne sont pas mes affaires. Prend soin de toi Rain. »

Il se leva, sachant parfaitement qu'il ne pouvait plus rien faire. Pas avec le caractère de Rain. Elle avait décidé d'aller jusqu'au bout et rien ne pourrait l'en empêcher. Manech déposa un rapide baiser sur le front de la jeune fille, fit un pas vers l'autre bout de la ruelle, s'arrêta et se retourna. Un petit sourire légèrement déçu étira ses lèvres et il la regarda une dernière fois avant de s'en aller. Dites moi que je ne fais pas une connerie en la laissant ici toute seule. Promettez le moi.