Louise avait pris l'habitude, mauvaise certes, de veiller le soir pour raconter des histoires à son chaton. Des histoires qu'on lui avait raconté dans la journée précédente : la vie d'une princesse dans un pays orientale, un chevalier qui tue un dragon, un poisson qui parle. Mais elle finissait toujours par s'endormir, au chaud sous ses draps, ses cheveux blonds éparpillés partout sur l'oreiller. Et chaque matin, on la réveillait et elle était obligée de se lever, on lui faisait sa toilette alors qu'elle baillait et que ses yeux ne demandaient qu'à se reposer encore un peu. Et tous les jours, elle trouvait finalement un coin tranquille où elle pouvait dormir sans se faire voir et sans qu'on puisse la réveiller. C'était un cercle vicieux car ces siestes dans la journée, l'empêchait de se coucher tôt le soir et à nouveau elle racontait des histoires à son animal et se rendormait tard.

Ce jour-là ne changea pas des autres, elle s'était endormie alors que tout le palais l'était déjà depuis longtemps. Le soleil venait de se lever, elle avait remonté les draps sur sa tête imaginant avoir un peu dé répit, un sommeil plus long peut-être. Et pourtant Louise entendit sa porte s'ouvrir, les yeux clos elle ne dormait qu'à moitié. Mais elle n'entendit les plus habituels cries perçant de sa femme de chambre qui tous les jours lui disaient à quel point ils faisait beau. Non, c'était quelque pas léger et elle sentit que quelqu'un s'assoyait sur son lit, cela ne pouvait être que quelqu'un de proche : personne n'aurait osé faire ça sauf ses parents ou l'un de ses frères ou soeurs. On lui caressa ses petites boucles blondes, c'était agréable et on lui embrassa son front. Ça faisait des chatouilles, elle rigola et ouvrit les yeux. C'était Alfred. Elle lui sourit, et se redressa pour s'adosser contre ses nombreux oreillers. Il lui demanda si elle avait bien dormi.

«Je suis un peu fatiguée, elle se frotta les yeux mais lui sourit. Et toi ?»

Elle attrapa son chat qui dormait à côté d'elle, le serra dans ses bras frottant son petit nez dans la fourrure blanche de l'animal. Puis Louise le lâcha et serra son grand frère dans ses bras.

«Je suis très contente que ce soit toi qui me réveille aujourd'hui !»

Elle lui fit un bisou mouillé sur la joue droite et se laissa tomber contre ses oreillers, tout sourire.