Le monde tanguait bizarrement, comme s'il était balloté de tous les côtés violemment. De quoi ? Manech ouvrit difficilement les yeux et se redressa lègerement sur ses coudes. Allongé au milieu d'une carriole de foin, il émergea doucement et regarda autour de lui. Le ciel, le foin, des arbres ... Des arbres ?! Le jeune homme se releva brusquement, faisant tanguer par la même occasion la carriole. Qu'est ce que.. ?

« Mais où sommes nous ? »
« Hey ! Mais qu'est ce que tu fais dans mon foin? Sors de là! Descend, allez avant que je ne te fouette ! »

Youps, le fermier qui conduisait n'avait pas l'air très commode. Et son mètre 80 n'arrangeait cela en rien. Un grand sourire innocent aux lèvres, Manech ne bougea pas en premier lieu. Il était en pleine forêt, on ne sais où autour de Londres. Encore aurait-il fallut qu'il soit non loin de Londres ! Et si il m'avait emmené jusqu'en Écosse ? Si il descendait maintenant il risquait de ne plus jamais retrouver son chemin, ou du moins perdre un temps fou à le faire. Le fermier le fusilla du regard quand il ouvrit la bouche pour lui demander où ils étaient et les mots ne franchirent pas ses lèvres. Plus sage que d'habitude, il recula légèrement sans se départir de son sourire qu'il espérait assez pathétique pour que l'autre ne lui saute pas tout bonnement dessus. Oust ! D'un coup de fouet, l'homme fit redémarrer son cheval de trait ce qui remit en branle la carriole. Pas encore bien éveillé, Manech bascula en arrière et se roula en boule pour ne pas tomber trop durement sur le sol. Grimaçant, il se releva en se frottant la nuque. Il aurait probablement des courbatures le lendemain. Mais ça n'était pas le plus grave, si il arrivait en vie jusqu'au lendemain.

« Hey ! Me laissez pas comme ça.. =X Dites moi au moins où on est ! »

L'homme agita la main en arrière pour lui dire de ne plus le déranger et disparut entre deux buissons. D'accord, là, je suis mal. Soupirant, il regarda autour de lui, peu habitué au silence de la forêt. Lui son domaine c'était les rues sales de Londres, la foule et les étales de marchands recouvertes de vivres, ces sales bourges qui se pavanaient comme des paons. Pas les arbres, les feuilles, les écureuils et j'en passe @__@ ! Rageur, Manech shoota un pauvre champignon qui n'avait rien demandé à personne, mit ses mains dans ses poches et s'avança entre les arbres en jetant des regards derrière lui en permanence. Parano ? Si peu. Les mythes sur des loups géants, des arbres qui mangeaient vivants les humains qui s'aventuraient sous le couvert lui taraudaient l'esprit et il se maudit d'être aussi pessimiste. Calme toi. Et l'autre crétin qui ne lui avait pas dit où ils étaient ! Ça lui apprendrait à s'assoupir dans une charrette qui ne restait pas sur place le reste de la journée --'. D'ailleurs comment cela se faisait-il qu'il ne s'était pas réveillé lorsque l'homme était partit ? D'habitude il ne dormait que d'un seul œil. Il devait vraiment être très fatigué. Manech se passa une main sur la figure et s'arrêta pour se forcer à réfléchir. Il le savait, s'il se laissait aller il n'en sortirait pas. La meilleur option semblait de retourner sur la route, histoire de croiser quelqu'un plutôt que de s'enfoncer dans la forêt.

Assit sur une souche, ça faisait à présent une bonne heure qu'il attendait. Et Manech perdait patience. Pour se forcer à rester là, il regarda pensivement sa main, retira précieusement la bague qui ornait un de ses doigts. Plus par habitude qu'autre chose, il lut à voix haute ce qui était inscrit à l'intérieur. Manech L. Brandlow, 29/02/1833 Galway. Il passa son doigt sur les motifs de la bague, à savoir de simples décorations qu'il pouvait décrire les yeux fermés. De simples carrés bleutés au milieu, des traits fins de la même couleur les détourant et à un endroit précis, une entaille. Il grimaça en la regardant. Ce souvenir là n'avait rien de bien plaisant. L'éclat de la lame passa rapidement devant ses yeux comme si elle était réellement là. Il frissonna et passa machinalement sa main contre son flanc, effleurant au passage la longue estafilade qui ne s'effacerait jamais. Un bruit le sortit de ses pensées et il releva la tête, heureux de ne plus être seul. Espérons qu'il veuille bien m'indiquer le chemin, ou mieux encore me ramener *-*. C'est beau de rêver.

Les secours \o/ Les secours \o/ Les secours \o/ ! Les .. a non. Le grand sourire de Manech se décomposa lentement. Il n'était plus seul, soit, mais celle qui venait de le rejoindre avait l'air de tout sauf de pouvoir l'aider à rentrer. Mais non ! Si elle était là c'est qu'elle savait par où rentrer puisqu'elle en venait directement ! Hallelujah je t'aime toi ='). L'homme qui s'était relevé s'accroupit en ouvrant les bras et reçut la petite fille de plein fouet. Sentant les petits bras de Louise se refermer autour de son cou il se mit à rire joyeusement. Décidément cette petite était un rayon de soleil ambulant. Il avait suffit qu'elle apparaisse, elle et son poney blanc pour que son avenir lui semble moins gris. Souriant, Manech la laissa le serrer autant qu'elle le voulait. Ça faisait bien longtemps que quelqu'un l'avait enlacé comme ça. Bien trop longtemps. Il chassa ces sombres pensées en même temps que la fillette reculait légèrement. Toujours accroupit, le jeune homme l'écouta sans se départir de son air amusé. Une carte ? Il fronça les sourcils, surprit, et d'une main pris doucement le morceau de papier que la petite lui tendait. Il prit son air le plus sérieux et détailla l'objet en se demandant où elle l'avait eut. Il braqua ses yeux gris sur Louise qui attendait apparemment son jugement. Il fit une moue désolée et secoua la tête.

« Mmh tu as raison. Celui qui a fait cette carte n'aurait pas put cacher mieux ses trésors ! »

Devant la mine dépitée de la petite princesse il sourit et se releva. Il l'attrapa par la taille et la déposa sur la souche qui lui avait servit de siège il n'y a pas quelques secondes. Ainsi elle était à son niveau et il n'avait pas besoin de se baisser pour la regarder en face. Si Manech avait été un villageois normal, qui respecte la monarchie, la craint et l'admire, il aurait probablement rougit de traiter ainsi une enfant de la famille royale. J'ai bien dit si. Contrairement à la plupart de la population de base il se contrefichait des usages, et surtout pas envers une gamine de huit ans. Il ne manquerait plus qu'il lui donne des pirouettes hypocrites. Avec un pincement au cœur il pensa au nombre de personnes qui devaient probablement le faire tous les jours. Pauvre petite. C'est vraiment pas une vie. Il vissa son regard sur celui de la fillette, plus sérieux et déterminé que jamais. Il montra du doigt la carte.

« Et bien tu sais quoi ? On va quand même les trouver ces trésors ! C'est pas un malheureux bout de papier qui va nous en empêcher. » il lui sourit et recula légèrement. « Tu es avec moi ? » demanda-t-il en tendant la main comme pour sceller un pacte.

S'il doutait de la véracité de la carte il pourraient se rapprocher de la ville tout en explorant tout de même les environs. Et même si Louise semblait être déterminée à trouver le trésor elle ne voudrait probablement pas passer la nuit dans les bois. Le poney renâcla, comme s'il était impatient de partir avec eux. Manech le jaugea du regard plus par habitude qu'autre chose. Petit. Gris (?). Plutôt bien foutu. Il avait sûrement du sang Arabe vu la tête qu'il avait. De bons aplombs. [imagination power xD] Une belle bête en somme. Manech sourit à Louise.

« Il est très beau ton poney Louise. » une idée lui traversa soudain l'esprit. « Mais, qu'est ce que tu fais ici toute seule ?»

Ils riaient tous deux, tandis qu'à son tour lui aussi l'enlaçait. Louise était contente de le retrouver, elle avait tellement peur avant parce que Helena lui racontait souvent d'horribles histoires sur les bois et la Princesse avait peur de tomber sur un loup ou une sorcière. Alors retrouvé Manech là, en plein milieu de la forêt était mieux que d'avoir une nouvelle poupée. Et puis c’était un chevalier, il l’avait déjà aidé à retrouver son chemin une fois et il allait surement pouvoir l’aider à nouveau. Elle récapitula au jeune homme sa mésaventure dans les bois, sans oublier de citer la carte qui devait la mener au trésor. Elle lui donna le bout de parchemin, et se mordit le bout du doigt attendant le verdict de son ami. Elle espéra qu’il pourrait l’aider, comprendre ce que signifier tous ces gribouillages. Mais son expression laissait à croire qu’il ne pourrait pour elle, rien avec cette fichu carte en tout cas. Puis il ajouta que Louise avait raison, elle lui sourit un peu fière, puis que celui qui avait fait cette carte avait très bien caché le trésor. Ce n’est pas parce qu’elle a juste huit ans qu’elle ne comprit pas et la Princesse comprit qu’ils étaient perdus tous les deux pour de vrai et qu’ils aillaient mourir ici. La lèvre tremblante et au bord des larmes, elles se les frotta pour ne pas pleurer. Mais Manech sourit et la porta pour la posa sur l’arbre couché, mort depuis longtemps. Louise était maintenant à sa hauteur et n’était plus obligé à lever la tête pour le voir, bah… ça fait mal au cou. Malgré ses yeux plein de larmes qui piquaient, elle lui sourit à son tour. C’était la première fois qu’une personne qui ne faisait pas parti de sa famille la tenait comme ça, et elle était contente parce que la seule personne qui pouvait lui faire des câlins était son chat parce que des fois même le roi et la reine, donc ses parents chéris ne la prenait pas dans leur bras. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire plus grand encore, satisfaite de voir que certaines personnes aimaient aussi désobéir. Manech lui montra la carte, lui dit qu’ils trouveraient ensemble ce trésor. Puis il lui tendit la main, demanda si elle était avec lui et bien sûr, sa petite main sera celle de son ami et tout sourire dit :


«Oui, allons chercher le trésor. Et puis tu sais, je suis presque sûre que c’est le droit de faire des vœux ce trésor… Hum, comme dans les contes des Milles et Une Nuit. Tu connais ?»

Puis elle se laissa tombait de la souche, abimant sa robe en faisant un accro. Elle le regarda et haussa les épaules, après tout elle en avait tellement de robe. Et retourna près de son poney, et caressa son encolure. Le pauvre commençait à s’impatienter. Le jeune homme lui fit remarquer qu’elle avait un très beau poney, et elle ne put s’empêcher de dire, elle aime son poney alors :


«C’est un cadeau de Papa, il s’appelle Pégase parce qu’on m’adit que c’était un cheval qui pouvait voler. Mais le mien, il vole pas… C’est pas grave, il est gentil quand même.»

Et il lui demanda ce qu’elle faisait là, seule. Elle se mordit la lèvre, gênée peut-être qu’il serait pas content de savoir qu’elle était partie sans l’autorisation de personne et juste pour une carte qui n’avait réussi qu’à la faire perdre le sens de l’orientation. Elle croisa les bras dans son dos, se balança légèrement et lui raconta brièvement l’histoire, s’emmêlant un peu les pinceaux.


«Au palais, ils voulaient pas jouer avec moi. Alors j’ai pris ma carte, je suis partie avec Pégase. J’ai même dû me cacher sous mon lit pour pas que ma nourrice me voit. Et puis je suis partie, et voilà je me suis perdue.»

Une petite moue sur son visage, rouge d’embarras parce qu’elle ne voulait surtout pas que les autres apprennent qu’elle avait « fugué » pour un stupide trésor. Et puis même si elle avait confiance en Manech pour ce qui était de ne rien dire à ses parents, d’abord comment il ferait pour leur dire hein ? Même moi j’arrive pas à toujours les voir. C’est juste qu’elle ne se souvenait plus du tout par où elle était arrivée, et peut-être que Manech ne serait pas content pour ça. Il avait toujours la carte en main et lui indiqua le chemin, Louise prit la longe de son poney gris et le suivit. Après plusieurs minute de marche qui lui semblèrent très longue, elle lui demanda :


«Manech, tu ferais quoi comme vœux si on trouvait le trésor ? Moi, je crois que je demanderais à retourner chez moi, parce que la forêt me fait un petit peu peur…»

Comme pour les embêter un peu plus, il se mit à pleuvoir de petites gouttes, petites certes mais qui refroidissait l’air et rendait les chemin plus boueux qu’il sne l’étaient.

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