[HJ: c'est long mais c'est pour mettre en place, j'écris moins d'habitude^^]

La prison était un endroit désagréable. En général, personne n'aimait trop s'y attarder. Cela n'avait rien d'étonnant, bien sûr. Mais qu'est-ce qui faisait que les prisons étaient si redoutées ? Un innocent n'avait rien à craindre en y mettant les pieds, ce n'était dengeraux que pour les tueurs. Alors, pourquoi cette sensation désagréable, toujours ? Cela pouvait bien venir de l'atmosphère. Ces ombres, ces barreaux, ces murs, peut-être. Tout était sombre et lugubre. A certains endroits, l'humidité se faisait ressortir. Il y avait même des champignons qui arrivaient à pousser. Ou alors, c'était la compagnie qu'on y trouvait. Des assassins, des meurtriers, des violeurs... Surtout dans cette zone-ci, celle où marchait tranquillement Judith, puisqu'il s'agissait des condamnés à la peine de mort. L'exécution aurait lieu dans quelques heures: elle se doutait que le prisonnier, quelqu'il soit, n'aurait jamais refusé un visage humain pour ses derniers instants. Mais Judith n'avait aucune intention de lui tenir gentiment compagnie. Déjà, entrée de façon relativement illégale - elle n'avait demandé l'autorisation de personne, qu'aurait-elle pu prétendre pour se faire accepter ? - , elle se forçait bien d'être silencieuse. Et celui qui attendait dans sa cellule serait on ne peut plus surpris de la voir. Peut-être penserait-il que son haure était venue, déjà. le pauvre... D'un autre côté, elle n'était pas mécontente qu'une type comme lui se fasse couper la tête. Si elle était rivale à la police, c'était parce qu'elle faisait le même travail.

"Si Titus est jaloux, Titus est amoureux."

Elle avait entendu cette phrase quelques mois auparavant, lors d'un petit voyage en France. ce n'était pas souvent qu'elle avait l'occasion de voyager: son travail lui prenait beaucoup trop de temps d'une part, et de l'autre elle n'en avait pas les moyens. Mais lorsqu'il s'agissait de mener à bien une enquête pour un aristocrate, les choses prenaient une toute autre tournure. Elle enquêtait à la fois sur un homme d'affaire et sur une jeune fille de la ville: ce riche qui lui avait confié la première mission fut contraint de lui payer le voyage en France pour suivre cet homme d'affaire, sinon elle retarderait sa demande. Avec un petit jeu de manipulation en plus, c'était dans la poche. Mais à présent cette histoire était terminée et ce n'était pas le sujet: alors qu'elle s'était arrêtée dans un théâtre (puisqu'elle était en voyage, pourquoi ne pas profiter un peu ?), elle avait vu jouer cette pièce, Bérénice. Son français n'était pas exceptionnellement bon, elle n'avait pas tout compris, mais elle avait retenu cette phrase. Oui, si Titus est jaloux, Titus est amoureux. Si la police râlait après le travail de Judith, c'était tout simplement parce qu'elle empiétait sur le leur, voire même en faisait un meilleur. Evidemment, jamais la police n'aurait idée d'aller dans une prison !

Ce jour-là, ce n'était pas Daisy qui l'ocupait, c'était John. Cet homme en prison, conspirateur, connaissait certainement tout le monde. Il avait été pris dans une affaire d'empoisonnement. Quand on prépare ce genres d'affaires, on prend bien garde aux gens qui nous entourent. Surtout les gens mystérieux et cachés qui marchaient toujours dans les coins les plus sombres, au risque de se faire attraper. Si John s'était brusquement converti en homme de l'ombre, ce gars en prison aurait très certainement des infos. Voilà pourquoi elle était ici. Et, alors qu'elle marchait toujours dans le silence le plus total, cela n'empêcha pas le prisonnier de la remarquer. Un vrai bandit...

- Ce n'est pas l'heure.
- Parce que vous avez l'heure, peut-être ?

Apparemment, elle le prit de cours. Mais cet homme était bien plus malin qu'il en avait l'air. Savoir compter ainsi l'heure en étant enfermé dans ette cellule, sans la moindre fenêtre. Il devait vraiment n'avoir que ça à faire... Judith le détailla. Il ne prenait plus beaucoup soin de lui-même, mais à quoi cela aurait-il servi ?

- Qui êtes-vous ? Vous ne faites pas partie de la prison.
- Je suis détective.

Il éclata de rire, mais elle le fit taire d'un simple geste. C'était certes étonnant qu'il lui obéisse si facilement, mais quand on est dans cette situation, on a plus rien à perdre. On est dominé, quoiqu'il en soit.

- Si vous étiez détective, vous ne me le diriez pas.
- Quelle importance ? Vous allez mourir. Et je ne ferai rien pour l'en empêcher. Mais puisqu'il vous reste que quelques heures, faites au moins une bonne action dans votre vie:rendez-moi service.
- Que voulez-vous ?
- Connaissez-vous John Francis ?

Il eut un battement de cil, mais pas plus. Il secoua la tête. Eh bien, dans ce cas, Judith pouvait partir. Elle avait eu sa réponse: oui, cet homme le connaissait. Mais apparemment, elle n'était pas prête de lui soutirer des informations. En temps normal, elle ne serait pas partie aussi vite: elle l'aurait forcé à parler et à lui dire ce qu'il savait. cette fois-ci, elle revint sur ses pas, en direction de la sortie. Pour deux raisons: d'abord, pourquoi tourmenter ce pauvre homme qui devait déjà l'être sufisamment ? Et ensuite, elle était ici illégalement: elle devait à tout prix éviter de se faire prendre. Malheureusement, les choses ne se passèrent pas comme prévu. Elle sortait sur la pointe des pieds, chapeau enfoncé devant ses yeux. Les lieux étaient déserts, toujours déserts... jusqu'à ce qu'elle arrive à l'entrée de la prison. Là, une jeune femme d'environ son âge attendait. Ah, mais que faisait-elle là ? Si Judith se faisait voir, l'autre soupçonnerait certainement quelque chose. Ce n'était pas courant, une femme qui sortait de la zone des prisonniers dangereux sans aucune compagnie, aucun garde pour l'escorter ! Et vêtue comme elle était... Une tenue plutôt masculine, pas très adaptée à une jeune femme. Mais c'était ainsi qu'elle s'habillait, et ceux qui la connaissait y étaient habitués. Elle devait à présent se dépâcher de trouver, avant de se faire voir. Quand même ! c'était elle la détective...