La nuit commençait à tomber sur Londres, et Elena n'avait pas envie de rentrer chez elle. La tension était palpable en ce moment car Mme. Woods se fatiguait de travailler à la ferme mais ses deux filles ne pouvaient s'occuper de tout. Elles avaient déjà sacrifié leur jeunesse pour cela, ne pouvant compter que sur elles-même depuis la mort de l'homme de la famille. Cette absence était très difficile pour tout le monde mais les trois femmes avaient du apprendre à être indépendantes et à faire le boulot des hommes. Tous les matins, Elena et Ginnie allaient donc au ramassage des pommes de terres à quelques kilomètres du village, puis en parcouraient environs 5 pour se rendre à la capitale, où elle vendaient leurs récoltes. Elles se devaient donc de porter des kilos de patates en plus des planches pour monter leur stand tous les jours, sans vacances ni jours de congé. Seul le dimanche les permettait de dormir jusqu'à l'aube. Pour tout dire, les deux soeurs aimaient cette vie, bien qu'elle n'était pas facile, ni confortable. Elles trouvaient toutes deux qu'elle leur avait apporté des valeurs que les autres femmes ne peuvent avoir en restant chez elles, à faire le ménage. Elles avaient la combativité et la force physique, mais aussi mentale d'un homme, tout en ayant gardé un corps de femme.
Aujourd'hui avait été assez rude car les pommes de terres ne s'étaient pas bien vendu au marcher principal, si bien que Elena du aller en vendre aux marchés des villes voisines, ainsi qu'aux épiceries de Londres. Elle avait donc marché toute la journée dans les rues de la capitale ainsi que ses alentours et était épuisée. Elle se fatiguait de plus en plus rapidement, bien que ce n'était pas la vieillesse qui l'approchait.
Du haut de ses 20 à peine, elle avait une force d'acier en général, mais cet hiver là l'avait décidément bien amoché... Il avait été plus froid que les précédents, plus longs et donc plus fatiguant. Même sous une température en dessous de zéro, elle avait du se lever tous les matins, en faisant attention de ne pas glisser sur les plaques de glace et nourrir les poules, puis faire les taches qu'on lui avait demandé. N'ayant aucune récolte l'hiver, les Woods ne pouvaient se rendre au marcher et ne gagnait donc aucun sous de ce côté, les deux soeurs faisaient donc des ménages et autres corvées pour les gens du village qui en avaient les moyens ( et ils étaient peu nombreux ) ou qui n'en avaient plus les capacités.
Ce fut donc une journée comme elle ne les aimait pas qui se terminait lorsque elle se tâtait de rentrer chez elle ou pas. Marchant dans les rues de Highgate, la ville où elle avait vendu ses dernières pommes de terre, Elena profitait du silence que la nuit imposait en même temps que son obscurité. Le vacarne incessant de Londres l'épuisait presque autant que de porter ses patates, et elle appréciait de retrouver le calme, bien qu'il ne fut pas complet bien longtemps. En effet, lorsqu'elle arriva au centre ville, le brouhaha repris de plus belle. Il n'était pas très tard, à peine neuves heures et les gens ne dormaient apparemment pas encore. Cherchant à tous prix la tranquillité, la paysanne se dirigea vers l'Eglise, puis passa le portillon du cimetière qui se trouvait derrière.